Le peintre allemand Neo Rauch dans son atelier
©Weltkino Filmverleih

Peut-on saisir ce qui se cache derrière l’oeuvre énigmatique de Neo Rauch, peintre de l’ex-RDA, le plus cher de sa génération. C’est la question que le spectateur est en droit de se poser en découvrant le documentaire de la réalisatrice Nicola Graef, sorti dans les salles obscures allemandes en 2017 et diffusé sur Arte.fr jusqu’au 14 juillet 2020. Ce portrait intime nous donne quelques indices …

Figure emblématique de l’Ecole de Leipzig, mouvement de peinture contemporaine figurative, les oeuvres souvent monumentales de Neo Rauch mettent en scène des personnages énigmatiques voire somnambuliques qui intriguent. Nicola Graef qui a suivi le peintre pendant trois ans explore son oeuvre prolifique et donne la parole à cet artiste discret dans son atelier à Leipzig et à une multitude de personnes qui le côtoie, notamment sa plus proche collaboratrice, Rosa Loy, épouse du peintre et artiste elle-même.

S’appuyant sur des témoignages recueillis au cours de vernissages ainsi que sur ses toiles, Nicola Graef fait défiler devant l’écran le gratin des galeristes et des collectionneurs qui soutiennent son travail en Allemagne, aux Etats-Unis et en Corée du Sud : on retrouve le galeriste David Zwirner, qui le représente à New-York et qui explique le succès de Neo Rauch aux Etats-Unis par l’expression d’un univers visuel et intellectuel propre à l’Allemagne très appréciée en Amérique du nord, son iconographie très personnelle, doté d’une grand dextérité. Un attrait corroboré par le collectionneur américain John Tompson qui voit dans une des oeuvres qu’il a acquise, un tableau représentant des prolétaires dans l’exercice de leurs fonctions, le témoignage historique d’une époque révolue, à savoir le communisme en Allemagne de l’est. Le voyage continue, direction Séoul avec le regard du collectionneur sud-coréen Kim Chang Il qui souligne son intérêt pour l’artiste dans la pureté de ses compositions et la juxtaposition d’éléments hétéroclites. Enfin retour à Leipzig où Neo Rauch dévoile une part plus intime de sa personnalité : la perte de ses parents, la présence de ses créatures qu’ils créent et qui le hantent la nuit venue, son rejet de l’art dit « politique » et sa relation fusionnelle avec Rosa Loy.

Neo Rauch est né à Leipzig en 1960. Orphelin, un mois après sa naissance, ses parents sont décédés dans un accident de chemin de fer, il est élevé par ses grands-parents maternels à Ascherleben, en Saxe-Anhalt, une région rurale située aujourd’hui au centre du pays. Plus tard, il étudie les beaux-arts à l’Ecole de Leipzig et fait sa première exposition personnelle en 1991 à Leipzig à la Galerie am Thomaskirschhof. Propulsé sur la scène internationale dans les années 90 par son ami des beaux-arts Gerd Harry Lybke, célèbre galeriste à l’origine de la notoriété des peintres de la nouvelle Ecole de Leipzig aux Etats-Unis, Néo Rauch est représenté par la galerie Eigen-Art à Leipzig et la galerie Zwirner à New-York. Ses tableaux se vendent aujourd’hui plus d’un million d’euros.


Pour aller plus loin : Exposition « Neo Rauch, Oeuvres de la Collection Hildebrand » à   G2 Kunsthalle de Leipzig, à voir jusqu’au 27 septembre 2020.